L’Afrique, riche de ses ressources naturelles et de sa biodiversité unique, fait face à des défis environnementaux majeurs tels que le changement climatique, la déforestation, la pollution et la gestion des déchets. Face à ces enjeux, les femmes africaines se révèlent être des figures incontournables de la transition écologique. Engagées sur le terrain, elles développent des initiatives innovantes et jouent un rôle crucial dans la préservation de l’environnement, la résilience climatique et l’économie circulaire.

Dans cet article, nous mettons en lumière plusieurs femmes africaines dont l’engagement en faveur de l’environnement inspire et transforme les communautés.


1. Segenet Kelemu (Éthiopie) : pionnière de l’agriculture durable

Segenet Kelemu, scientifique éthiopienne mondialement reconnue, est une figure clé dans la recherche sur l’agriculture durable en Afrique. Directrice générale du Centre international de physiologie et d’écologie des insectes (ICIPE) basé à Nairobi, elle travaille sur des solutions biologiques pour lutter contre les ravageurs agricoles sans recourir aux pesticides chimiques. Ses recherches ont un impact direct sur l’amélioration des rendements agricoles et la sécurité alimentaire tout en protégeant la biodiversité.


2. Hindou Oumarou Ibrahim (Tchad) : la voix des peuples autochtones face au changement climatique

Issue de la communauté peule Mbororo, Hindou Oumarou Ibrahim est une militante écologiste et défenseure des peuples autochtones. Elle plaide sur la scène internationale pour une meilleure inclusion des savoirs traditionnels dans la lutte contre le changement climatique. Son engagement a permis d’inclure les connaissances ancestrales des peuples autochtones dans les stratégies d’adaptation aux changements climatiques, notamment à travers des cartographies participatives qui aident les communautés locales à mieux gérer leurs ressources naturelles.


3. Mariama Mamane (Niger) : transformer le jacinthe d’eau en énergie verte

Mariama Mamane a développé un projet innovant pour lutter contre l’invasion de la jacinthe d’eau, une plante aquatique nuisible qui étouffe les cours d’eau en Afrique de l’Ouest. Fondatrice de l’entreprise Jacigreen, elle transforme cette plante en biogaz et en engrais organique. Son initiative contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, à la préservation des ressources en eau et à l’accès à une énergie propre pour les communautés locales.


4. Wanjiru Kamau-Rutenberg (Kenya) : promouvoir l’éco-leadership féminin

Wanjiru Kamau-Rutenberg est une militante de l’autonomisation des femmes dans les secteurs de l’agriculture et du climat. Elle a fondé African Women in Agricultural Research and Development (AWARD), un programme qui vise à renforcer le leadership des femmes africaines dans la recherche agricole pour un développement durable. Son initiative a permis de former des centaines de chercheuses et de renforcer la contribution des femmes dans les solutions agricoles résilientes face au changement climatique.


5. Oulimata Sarr (Sénégal) : financer la transition écologique portée par les femmes

En tant que Directrice régionale d’ONU Femmes pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Oulimata Sarr a joué un rôle clé dans l’inclusion des femmes dans les politiques de transition écologique. Elle promeut l’accès des femmes entrepreneures à des financements pour développer des projets verts, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables et de l’agriculture durable.


Des initiatives locales porteuses d’espoir

Les femmes africaines sont aussi au cœur de nombreuses initiatives communautaires visant à promouvoir un développement plus respectueux de l’environnement. Parmi celles-ci :

  • La coopérative des femmes de Tin Hinan (Maroc) qui lutte contre la désertification en plantant des arbres et en promouvant l’agroforesterie.
  • Les « Mama Light » en Afrique de l’Est, un réseau de femmes qui promeuvent l’accès à l’énergie solaire dans les zones rurales.
  • Les groupements de femmes du Burkina Faso qui développent des systèmes de récupération des eaux de pluie et des techniques de permaculture pour lutter contre la sécheresse.

Un rôle encore freiné par des défis structurels

Malgré leur rôle prépondérant dans la transition écologique, les femmes africaines font face à des obstacles structurels importants :

  • Un accès limité aux financements et aux ressources : Les femmes ont plus de difficulté à obtenir des crédits et des investissements pour développer leurs projets verts.
  • Un manque de reconnaissance institutionnelle : Bien que nombreuses sur le terrain, elles sont sous-représentées dans les instances de décision sur les politiques environnementales.
  • Des impacts du changement climatique qui affectent directement leurs conditions de vie : En tant que principales gestionnaires des ressources naturelles au sein des foyers (eau, agriculture, énergie), les femmes sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques.

Un levier incontournable pour l’avenir du continent

L’engagement des femmes africaines dans la transition écologique est une opportunité stratégique pour l’Afrique. En leur donnant davantage d’accès aux financements, en intégrant leurs savoirs dans les politiques publiques et en valorisant leur rôle, le continent pourra avancer vers un développement plus durable et résilient.

Les portraits et initiatives présentés dans cet article montrent que les solutions existent déjà sur le terrain et qu’il est essentiel de soutenir ces actrices de changement pour bâtir un avenir plus vert pour l’Afrique.

Mérimé Wilson