L’Afrique, bien que responsable de moins de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, subit de plein fouet les effets du changement climatique. Parmi les zones les plus touchées figurent les écosystèmes côtiers, qui sont soumis à une montée du niveau de la mer, à l’érosion, aux tempêtes et à la salinisation des terres. Le Ghana et le Sénégal, deux pays possédant un long littoral atlantique, sont particulièrement vulnérables à ces phénomènes.


Une montée des eaux aux conséquences dramatiques

L’un des impacts majeurs du changement climatique sur les côtes africaines est la montée du niveau de la mer, due à la fonte des glaciers et au réchauffement des océans. Selon un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le niveau de la mer s’élève en moyenne de 3,2 mm par an depuis les années 1990, mais cette augmentation est plus rapide dans certaines régions de l’Afrique de l’Ouest.

Le Ghana : des communautés menacées par l’érosion

Le Ghana est l’un des pays les plus touchés par l’érosion côtière en Afrique de l’Ouest. D’après une étude de la Banque mondiale publiée en 2019, environ 37 % des côtes ghanéennes sont en érosion rapide. La ville de Keta, située à l’est du pays, en est un exemple frappant : les vagues grignotent les terres, engloutissant des maisons et forçant des milliers de personnes à se déplacer. En 2021, une forte marée a détruit plus de 100 habitations, laissant les habitants sans abri.

La situation est aggravée par des activités humaines telles que l’extraction de sable, qui fragilise encore plus les côtes. Les infrastructures, comme le port de Tema ou les industries de pêche, sont également menacées par la montée des eaux.

Le Sénégal : Saint-Louis, une ville historique en péril

Au Sénégal, la ville de Saint-Louis, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, est souvent citée comme l’un des exemples les plus alarmants de l’érosion côtière. Surnommée la « Venise africaine », cette ville coloniale est de plus en plus exposée aux inondations. En 2018, une tempête a détruit plus de 800 habitations, forçant des milliers de personnes à se réfugier dans des camps de fortune.

La Langue de Barbarie, une fine bande de sable qui protège la ville de la houle atlantique, s’érode rapidement, augmentant la vulnérabilité de la région. Selon une étude du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), près de 80 % de la population de Saint-Louis est menacée par la montée des eaux d’ici 2050 si aucune action majeure n’est entreprise.


Un impact sur la biodiversité marine et les ressources halieutiques

Le réchauffement climatique ne se limite pas à l’érosion et à la montée des eaux. Il affecte également la biodiversité marine et les ressources halieutiques, essentielles à l’économie et à la sécurité alimentaire des populations côtières.

Des stocks de poissons en danger

Le Ghana et le Sénégal comptent parmi les plus grands producteurs de poissons en Afrique de l’Ouest. La pêche représente une source de revenus pour des millions de personnes, mais elle est aujourd’hui menacée par le changement climatique.

L’augmentation des températures de l’eau perturbe la migration et la reproduction des poissons. Certaines espèces, comme la sardine et l’anchois, qui sont très prisées sur les marchés locaux, se déplacent vers des eaux plus froides, réduisant ainsi les prises des pêcheurs artisanaux.

Par ailleurs, l’acidification des océans, due à l’absorption de CO₂, impacte la croissance des coraux et des mollusques, modifiant l’ensemble de l’écosystème marin.

Les mangroves en péril

Les mangroves jouent un rôle crucial dans la protection des côtes contre l’érosion et servent de nurserie pour de nombreuses espèces marines. Au Sénégal et au Ghana, elles sont en déclin en raison de la montée des eaux, de la salinisation des sols et de la surexploitation humaine (coupe de bois pour le charbon, urbanisation, aquaculture).

Dans le delta du Saloum, au Sénégal, la disparition progressive des mangroves a entraîné une baisse de la production de poissons et une aggravation de la vulnérabilité des populations face aux tempêtes.


Des initiatives de résilience face à la crise

Face à ces défis, plusieurs initiatives locales et internationales tentent de ralentir les impacts du changement climatique sur les écosystèmes côtiers.

Des politiques de protection côtière

  • Ghana : Le gouvernement a mis en place des projets de construction de digues et de reforestation des mangroves pour lutter contre l’érosion. Le « Coastal Development Authority » a été créé pour superviser ces actions.
  • Sénégal : À Saint-Louis, le gouvernement a construit une digue de protection de 3,6 km, financée par la Banque mondiale, pour réduire l’impact des marées sur la ville. Des projets de relocalisation des populations menacées sont également en cours.

L’implication des communautés locales

Plusieurs ONG et associations locales travaillent avec les communautés pour restaurer les mangroves et sensibiliser à la gestion durable des ressources halieutiques. Des initiatives de pêche durable sont mises en place, comme l’interdiction des filets maillants dérivants et la création de zones de repos biologique pour les poissons.

Le projet « WACA ResIP » (West Africa Coastal Areas Resilience Investment Project), financé par la Banque mondiale et d’autres partenaires, soutient plusieurs actions en faveur de l’adaptation au changement climatique dans ces pays.


Le Ghana et le Sénégal illustrent les défis majeurs auxquels sont confrontés les pays côtiers africains face au changement climatique. La montée des eaux, l’érosion, la dégradation des ressources halieutiques et la disparition des mangroves mettent en péril non seulement l’environnement, mais aussi les moyens de subsistance de millions de personnes.

Cependant, des solutions existent, et l’engagement des États, des organisations internationales et des populations locales est crucial pour protéger ces écosystèmes et garantir un avenir durable aux générations futures. La lutte contre le changement climatique en Afrique ne peut être gagnée qu’avec une action concertée et une transition vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement.